Ce charmant quartier est un peu isolé du reste de la commune dont il est séparé,
au nord ouest par une petite rivière appelée " L'eau bourde ", à l'ouest, au sud et à l'est par les bois de
Mandavit, le Bois des Papayes et les Grands bois.
Il est relié à l'agglomération par deux voies et une piste cyclable , l'allée de Barthez, et l'avenue du maréchal Juin,
toutes deux enjambant le cours d'eau bordé de peupliers et autres essences avant de se raccorder au boulevard circulaire desservant
les allées pénétrant dans les lotissements. Des promenades très agréables longent la rivière où les
promeneurs et pêcheurs trouvent fraîcheur et calme au moment des grosses chaleurs.
Le quartier est construit de différents types de maisons, chacune agrémentée d'un petit
jardin, réparties en plusieurs lots aux noms fleuris, et de deux groupes d'immeubles.
Petit à petit ces habitations ont été personnalisées par leurs propriétaires, leur donnant un certain charme.
Des allées tortueuses ou des venelles sillonnent les quartiers, prenant aussi des noms de fleurs,
de planètes ou de quelques hommes célèbres entre autres.
Il reste aujourd'hui le château, grosse maison campagnarde, mis à la disposition d'associations par la commune.
En fait le quartier s'appelle réellement Barthez-Malartic. Il existe un château Barthez, ex-propriété également vinicole,
voisine de Malartic, habité par ses propriétaires. L'exploitation des vignes a été arrêtée suite à des épidémies de phylloxéra.
Un groupe d'immeubles sociaux construit sur le même terrain, s'appelle également "Barthez"
mais est plus ou moins intégré dans le village. Par habitude, on parle le plus souvent de "Malartic".
Village gaulois ? Ces maisons ont été construites selon des plans commandés par un
ministre de l'industrie et du logement de l'époque, Albin Chalandon.
D'où leur surnom de "chalandonette".
De nombreux vices de construction ont été rapidement constatés particulièrement
au niveau des toitures que beaucoup ont été obligés de refaire.
Certains murs se sont même lézardés dangereusement.
Plusieurs associations de co-propriétaires se sont créées afin de demander réparation.
Il a fallu de longs procès pour obtenir gain de cause.
De nombreuses manifestations ont perturbé Gradignan ce qui nous a valu la désapprobation et l'inimitié du Maire de l'époque,
mais ont soudé les habitants.
De là est né notre réputation.
Si ce n'est pas un village au sens propre du mot, il en a beaucoup de caractéristiques.
Construit durant les années 1972-73 il est rapidement habité par des gens venus de pays très divers
et de milieu différents, presque une tour de Babel. Nous recensons environ trois mille cinq cent habitants.
Aujourd'hui, certains sont encore là depuis le début, d'autres sont partis ou morts,
remplacés par de jeunes couples avec enfants, ce qui maintient de la jeunesse.
Petit à petit, grâce à certaines associations, tout ce petit monde a appris à vivre ensemble et se rencontre à l'occasion de
nombreuses réunions organisées par celles-ci, soudant ainsi des amitiés ou de bonnes relations.
A l'entrée du quartier, un centre commercial permet de faire les courses de première nécessité, où les habitants se retrouvent pour bavarder un peu, et ainsi répandre
les bonnes et mauvaises nouvelles.
D'autres magasins ont trouvé leur place; pharmacie, prêt à porter, boulanger, brasserie, tabac-presse, fleuriste, pizzéria,
sans oublier l'indispensable bureau des Postes.
De nombreux bus peuvent emmener ceux qui le souhaitent vers Bordeaux, Bègles ou Pessac.
Les bois qui l'entourent sont des lieux de promenades très agréables quelque soit la saison,
ils contribuent pour beaucoup à notre bien être. On y trouve plusieurs essences mais surtout des séquoias.
pins, bien sûr, des chênes mais aussi quelques arbres plus rares comme de très beaux cèdres et
joggers, marcheurs, cyclistes y trouvent leur bonheur, ils se doublent ou se croisent avec
souvent un petit salut aimable..
Une piste cyclable ainsi que de nombreux sentiers les traversent, empruntés par des promeneurs accompagnés souvent de leurs chiens.
Ces parcs sont parfaitement entretenus par le personnel municipal.
Dans les premières années ces bois servaient malheureusement de dépotoir.
Certains habitants se croyant autorisés à y jeter ce qui les encombrait.
De grandes bennes ont été mise à notre disposition, les déchèteries n'existaient pas encore, mais très vite elles débordaient, des petits
ramasseurs de métaux les vidaient en répandant leur contenu tout autour.
Un groupe de jeunes collégiens ont fait une manifestation pour demander aux habitants de respecter les lieux et à la
commune de trouver une solution.
Une grande déchéterie a été créée en premier à Pessac et petit à petit les habitants ont pris l'habitude d'y aller.
Un peu plus tard la CUB en a ouvert une à Gradignan.
Au départ les copropriétaires étaient responsables de l'entretien des espaces verts et de tous les aménagements communs.
Aucun travaux complémentaire sur les maisons ne pouvaient se faire sans l'accord d'une majorité de copropriétaires,
selon les règlements de coproriétés, pas même couper un arbre dans son propre jardin. Une cotisation annuelle était
obligatoire pour assurer les différents frais.
Par la suite, la commune ayant pris en charge l'entretien qui leur incombait, certains ont souhaité se désolidariser de cette
copropriété qui n'avait plus de raison d'exister.
D'autres au contraire tenaient à la garder pour conserver un esprit de solidarité.
Cela a fait l'objet de nombreuses polémiques et tractations, nous avons tenu d'interminables réunions.
Au final certaines copropriétés ont été dissoutes ou sont en passe de l'être, d'autres au contraire ont
gardé leurs statuts.
Un autre objet de grandes discutions a été la M J C que notre château habritait depuis toujours.
Cette grosse association, qui s'occupait surtout des jeunes, a perdu une partie de ses subventions.
La Mairie de Gradignan a décidé de la regrouper avec quelques autres entités similaires
dans lesquelles régnait un certain désordre administratif .
Quelques personnes plus ou moins influentes se sont élevées contre cette décision prise sans trop de concertation. Il fallait
sauver la MJC qui représentait une époque, un état d'esprit.
Aujourd'hui, après beaucoup de discutions inutiles, l'EPAJG remplace la Vieille dame, l'avenir nous
dira si c'est mieux ou moins bien.
Une des associations les plus importantes du "village" est M V M ( Mieux Vivre à Malartic) créée
en 1998, ayant pour objet le développement des liens entre les habitants, l'actualité culturelle et
festive et l'animation du quartier. Elle a beaucoup fait pour aider les habitants à s'insérer dans cette communauté.
Tous les ans elle organise des fêtes qui ont du succès, mais aussi, elle programme des réunions, des promenades, des visites à
l'extérieur.
Petit à petit l'association a débordé du village.
Il y a bien longtemps de cela notre rivière, "L'eau bourde" était une frontière que les
pèlerins de cette époque devaient traverser à gué à Cayac pour aller vers St Jacques en Espagne.
Au nord de cette rivière les habitants de "Gradignan" se considéraient comme des
Bordelais, au sud vivaient les "Gasques", des paysans mal dégrossis, considérés un peu comme des sauvages païens.
Deux hameaux séparés de quelques lieues se partageaient une partie de ces terres.
Canteloup et Artigues appartenant à un noble seigneur. Ces deux petits villages, composés
de quelques familles étaient entièrement perdus dans les bois dont ils tiraient leurs maigres revenus
après avoir livré au maître des lieux la part qui lui revenait.
Il y avait de bonnes relations entre eux, les gens des deux villages se retrouvaient pour s'aider ou faire la fête à l'occasion
d'un mariage.
Les femmes et les enfants cultivaient quelques légumes, les plus riches avaient quelques brebis, voire une vache.
Les hommes allaient travailler dans les bois afin de couper des arbres pour la construction de navires ou d'habitations.
Cette vie rude ne convenait pas à François, fils d'un bûcheron habitant Artigues.
Il n'avait pas les épaules pour ce métier. Avec l'accord de ses parents il prit la route de Bordeaux pour essayer
un autre métier plus en rapport avec son physique.
C'était un garçon à l'esprit vif et plein d'idées.
Il avait envie de faire du commerce, il chercha donc un gros commerçant qui pourrait l'employer dans
son magasin.
Après plusieurs tentatives infructueuses il finit par en trouver un dans le quartier des Chartrons.
L'homme, négociant en vins, avait l'air affable, n'avait pas de fils pour l'aider et
commençait à sentir la fatigue venir.
Le discours de François lui plut, ainsi que sa bonne mine, même s'il avait l'air mal dégrossi.
Il serait nourri et logé et gagnerait de quoi aller faire la fête de temps en temps, mais pas trop souvent.
François pensa que ce travail serait agréable et les conditions acceptables pour débuter.
Son village natal ne lui manquait pas trop, d'autant plus qu'il fit la connaissance d'une
charmante jeune fille de son âge dont les parents n'habitaient pas très loin.
Marie passait fréquemment devant la boutique et petit à petit ils entamèrent des petites discussions.
François était sous le charme de ses beaux yeux bleus et de sa chevelure blonde.
Les parents étaient de modestes artisans, la mère couturière, le père bourrelier, Marie faisait des ménages chez un bourgeois
du coin.
Pour certaines occasions il prenait la diligence qui le déposait à "Gradignan", traversait la
rivière et allait passer un petit moment avec ses parents.
Ses petites visites les comblaient de plaisir, heureux de le voir se débrouiller à la grande ville. Il ne manquait pas de leur
apporter un peu d'argent qu'il arrivait à économiser quand son patron le récompensait pour une affaire bien menée.
C'est ainsi qu'un soir, se sentant malade, François revint chez ses parents.
Quelques jours plus tard il allait de plus en plus mal, d'autres membres de sa famille, puis des voisins eurent les
mêmes symptômes.
Personne ne savait de quoi ils souffraient, plusieurs moururent dans les
semaines qui suivirent. Beaucoup pensaient que François avait sans doute contracté cette maladie
sur le port de Bordeaux et l'avait rapportée, du moins c'est ce que prétendait le guérisseur appelé par sa mère.
Les plus faibles n'avaient pas survécu. La nouvelle se répandit très vite et plus personne
ne voulut approcher les habitants d'Artigues pas même ceux de Canteloup.
Une nuit, les quelques habitants survivants furent réveillés par un incendie qui avait pris dans plusieurs des maisons
devenues inhabitées depuis la mort de leurs propriétaires.
Le feu se propagea très rapidement aux autres maisons construites en bois et torchis. En un rien de temps tout le village fut
entièrement détruit ainsi qu'une partie des bois alentours. Ce phénomène intrigua beaucoup les gens et une
rumeur commença à se répandre ; la malédiction continuait à tomber sur ce pauvre hameau.
Il était évident que personne n'aurait commis un pareil crime. Courageusement ils se mirent à rebâtir de
telle façon que les maisons furent suffisamment éloignées pour qu'un autre incendie ne passe pas de
l'une à l'autre.
François qui s'était rétabli difficilement, regagna Bordeaux pour y retrouver son
emploi, mais son patron lui fit comprendre que la place était prise, étant sans nouvelles de son
employé durant trop de temps, il avait dû le remplacer.
Malheureux, il traîna dans les rues des Chartrons et le long des quais espérant plus ou moins
retrouver du travail, mais le moral n'y était pas et aucun patron ne voulait d'un garçon aussi mal dégrossi.
A bout de ressources il rentra à Gradignan, mais à pieds. Il passa une dernière fois devant
son ancienne boutique et par hasard croisa Marie. Elle lui apprit que ses parents l'avaient mariée
avec le fils d'un commerçant de la même rue.
C'est le coeur lourd qu'il regagna Artigues. Il décida de travailler la terre et de se lancer dans
la culture de la vigne, car le sol assez pauvre, fait de grave, s'y prêtait.
Il avait appris beaucoup chez son ancien patron.
N'étant pas propriétaire il prit contact avec les moines chartreux qui lui
confièrent un lopin. En compensation il leur porterait sa récolte moyennant une rétribution.
A la troisième année, le travail de François commença à porter ses fruits, il n'était pas riche mais il
gagnait sa vie et envisageait d'agrandir et de prendre femme.
D'autres habitants d'Artigues l'imitèrent, toujours avec l'aide des chartreux. Bientôt, cette
terre pauvre devint prolifique et, aux vendanges, les villageois se réjouissaient en chantant et dansant.
Mais la malédiction rôdait, la maladie se répandit sur les vignes, la récolte fut perdue et les
ceps de vigne séchèrent sur place.
Cet endroit fut déclaré maudit et très vite fut appelé "Malartigues", puis Malartic.
Ce n'est que bien plus tard qu'un seigneur vint s'installer sur cette terre bravant la
malédiction et pris le nom de Jehan de Malartic. Un autre propriétaire du nom de Barthez s'installa à côté.
Ils replantèrent des vignobles qui, une fois de plus, furent victimes du phylloxéra.
Un beau jour de printemps on put voir des colombes venir se poser dans les champs en friche.
Les rares habitants restés là comprirent alors que la malédiction était levée.
On pourra construire un nouveau village qui aura pour nom " Barthez-Malartic "
Légende inventée par F.Trelet inspirée par B. Perillat
Très joli comme fin. Cela me plaît…